Novembre 2018 / 120 pages / 22 X 28 cm / ISBN : 978-2-36062-220-7
Au même titre que les œuvres d’art, les maisons et villas sont comme des signatures : elles témoignent d’une époque, d’un style architectural, d’un mode de vie. Certaines sont aujourd’hui de véritables monuments, d’autres le fruit de prouesses techniques et artistiques. Villas balnéaires, hôtels particuliers, maisons contemporaines, ce hors-série propose un voyage à travers les styles et les époques sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine : villas Belle-Époque du Bassin d’Arcachon, trésors Art Déco sur la côte basque, belles demeures Art Nouveau en Poitou-Charente, maisons années 50 aux courbes modernes et colorées à Royan, architectures contemporaines aux lignes audacieuses... Un panorama des 101 édifices remarquables des XXe et XXIe siècles qui révèlent toute la richesse architecturale de notre région.
Le terme « maison » vient de manere : rester, demeurer. C’est là où l’on reste, c’est le foyer. « Villa », si l’on se réfère au mot italien plutôt qu’à son origine romaine, désigne la maison de campagne. C’est là où l’on séjourne, c’est le foyer en second, provisoire, le temps de la belle saison, par exemple, à l’époque de la villégiature.
L’une et l’autre sont un « toit », un « feu », pour reprendre un terme ancien, un « abri » qui protège, consubstantiel à l’être humain « civilisé ». Pendant la période antique, la villa témoignait d’une certaine éligibilité à une classe sociale élevée ; plus tard, le château, souvent défensif, a représenté l’idée de domination. Dès le XVIIIe siècle, ces distinctions ont commencé à s’estomper, avant que la Révolution ne vienne contribuer, de manière décisive, à rebattre les cartes. « Maison », qui pouvait, selon les contextes, désigner une haute lignée, un palais, aussi bien qu’une bicoque, est devenu un terme générique, tout en se déclinant sous de multiples cas de figure. Il est intéressant de noter qu’en Bordelais, le « château » a désigné, à partir du XIXe siècle, la bâtisse pseudo-aristocratique que se sont fait bâtir les propriétaires de vignobles nouvellement enrichis. Il est encore, de nos jours, synonyme d’un prestige très localement identifié, inconnu en Bourgogne ou en Champagne.
Au tout début du siècle dernier, lorsque Pierre d’Arcangues refait bâtir, à l’identique, pour raisons de commodités, la demeure familiale, on continue de l’appeler « château d’Arcangues », alors que la bâtisse a tout d’un « hôtel particulier ». Peu après, le rêve éveillé qu’Edmond Rostand fait élever à Cambo-les-Bains prend le nom de « villa Arnaga ». Celle-ci, par l’immense publicité qui accompagna sa création, non seulement annonce le triomphe du style néo-basque en architecture, mais donne également le signal d’une progressive démocratisation du mot « villa », désignant des maisons qui n’avaient désormais de « secondaires » que le qualificatif d’usage – confiées à des architectes de renom, nombreuses sont celles qui auront touché au chef-d’œuvre –, de même que des cabanons modestes estampillés villas Mon rêve…
Enfin, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, d’abord avec les Trente Glorieuses, puis de nouveau à partir de la fin du XXe siècle, et toujours aujourd’hui, une fois les effets du premier choc pétrolier amortis, des vagues de constructions, portées par des architectes inventifs, prenant en compte l’inscription du bâti dans le contexte environnemental et socio-culturel, ont renouvelé la pensée de la maison et contribué à battre en brèche les distinctions de classe (telle la maison Latapie, des Lacaton & Vassal à Floirac, en 1993).
On trouvera donc dans ce numéro autant de variations domestiques que de « numéros » retenus, soit 101… Le choix est forcément subjectif, même si nous nous sommes appliqués à témoigner d’une certaine représentativité de l’art et la manière d’habiter en Nouvelle-Aquitaine aux XXe et XXIe siècles. Et il n’implique aucune hiérarchie : du n° 1 au n° 101, c’est à un parcours buissonnier que nous invitons les lectrices et les lecteurs parmi les douze départements de la région… Il y a certainement des oublis, des choix peut-être contestables pour certains… Certains territoires sont également moins représentés que d’autres, du fait de la période chronologique retenue (les centres urbains, les zones littorales ont été profondément transformés, pour le meilleur et parfois aussi pour le pire, tandis que « l’arrière-pays » a plus souvent été préservé ou délaissé)… C’est la loi du genre. La maison est changeante, mouvante, toujours différente, à l’image de ses concepteurs, de ses habitants, elle peut être chef-d’œuvre sans témoigner d’un luxe particulier. L’essentiel est qu’on s’y sente bien.
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