Monographie autour de l'exposition du Musée des beaux-arts de Libourne
Mai 2018 / 96 pages / 17 x 24 cm / ISBN : 978-2-36062-200-9
Jacques-Émile Blanche (1861-1942) a passé une grande partie de son enfance au sein de la maison de santé pour aliénés créée par son grand-père, auquel succéda son père. Les deux hommes, fort cultivés et philanthropes, y accueillaient artistes et hommes de lettres. C’est ainsi que le futur peintre-analyste – et écrivain prolixe –, côtoya Renan, Gounod, Baudelaire, Corot, Fantin-Latour… et les patients de la maison du docteur Blanche. On conçoit qu’il en restât des traces. C’est dans cet antre de gloires et de déchéances mélangées (avec la figure absolue de Maupassant) que l’enfant « né peintre » (dixit Manet) forgea ses premiers émois et ses premiers rêves.
Être contradictoire et déchiré, Jacques-Émile Blanche tira de ces observations une œuvre foisonnante, d’une précision analytique, où le portrait, à côté d’éclatantes natures mortes, domine.
Pour avoir fait poser devant son chevalet le tout-Paris fin de siècle, Belle Époque et entre-deux-guerres (ainsi que le tout London, car cet habitué de la côte normande considérait l’Angleterre comme sa seconde patrie), on l’a proclamé « le plus mondain des portraitistes »…, formule réductrice qui nie l’originalité, la formidable acuité de l’artiste guidé par une insatiable curiosité, secret de la puissance de son renouvellement. Blanche, seul face à ses propres démons, avait avant tout soif d’humain. De visages qui méritent qu’on les interroge et qui nous interrogent en retour. Il aurait pu reprendre à son compte la phrase de Georges de La Tour : « Je descends en eux et les ramène tout entiers ».
Son œuvre s’impose aujourd’hui comme le passionnant témoignage d’une période. La réunion de quelques-unes des effigies de ses contemporains au musée des beaux-arts de Libourne est l’occasion de proposer, dans l’ouvrage qui l’accompagne, une galerie de portraits à cœur ouvert. On y retrouve son premier professeur, le Bordelais Edmond Maître, François Mauriac, Francis Jammes et tant d’autres : Anna de Noailles, Gide, Proust, Cocteau, Valéry… Présentés de manière chronologique, ces portraits vibrants, non exempts d’une cruauté secrète – car il savait à merveille saisir les dessous d’un visage et d’un caractère –, sont accompagnés de textes de contemporains et surtout de textes de Blanche lui-même, écrivain autant que peintre, critique d’art mémorialiste et romancier.
[ EN COUVERTURE ]
Un portrait inédit de Jeanne Mauriac, l'épouse de François, montré du temps de son vivant à une poignée de privilégiés. Le tableau fait l'objet d'un legs au musée des beaux-arts de Rouen suite au décès d'Anne Wiazemsky, leur petit-fille.