Michel Suffran
Janvier 2021 / 160 pages / 15 x 23 cm / ISBN : 978-2-36062-276-4
Collection Les Paysages
Co-édition avec La petite machine
Bordeaux est la ville où est né François Mauriac, la ville de son enfance, celle de son adolescence. Puis, le jeune homme est parti gagner les galons de la renommée à Paris, et Bordeaux, mise à distance, a pris place dans les romans, dans ses pensées lesquelles, avec l’âge, sont devenus des souvenirs incidemment jetés sur les pages de son Journal ou du célèbre Bloc-Notes.
Le Bordeaux de Mauriac ne s’arrête pas à des contours administratifs, pas plus qu’à des frontières psychologiques. La lande, avec ses pins, son sable, apparaît déjà à Thouars, aux sources du Peugue ou de l’Eau Bourde, ces rivières aujourd’hui en grande partie enfouies ; la lande annonce les promenades en campagne autour de Saint-Symphorien, et surtout les séjours à Malagar, quand l’homme mûr reviendra s’occuper du domaine viticole familial.
Ponctué d’extraits de textes qui restituent l’âme du récit, Michel Suffran propose un parcours intime, à pas feutrés et d’autant plus saisissant que ces maisons, ces rues, ces quartiers d’un autre siècle existent toujours : nous pouvons, à notre tour, les interroger du regard, dans un environnement forcément modifié, et alors mille détails insoupçonnés enrichissent l’observation.
À l’appui du promeneur-lecteur, un ensemble de documents anciens vient illustrer le passé : des photographies de famille, essaimées tout au long du livre, témoignent de temps heureux dont on sait pertinemment qu’ils dissimulent aussi bien de pesants secrets. Des photographies, des cartes postales anciennes de ces « lieux de jadis », agrémentées de quelques vues actuelles, s’ajoutent pour redonner vie aux passages de cet « adolescent d’autrefois » dans une ville qu’il a fini par aimer autant qu’il avait pu la haïr au moment de la quitter.
Michel Suffran (1931-2018) a consacré sa vie à interroger, comme pour tenter de les ressusciter, les œuvres d’écrivains qui ont contribué à nourrir le paysage littéraire bordelais, à commencer par les auteurs de la « génération perdue » dans le sillage de François Mauriac. À ce dernier, il a évidemment consacré de nombreux textes, sondant bien des facettes de ce personnage lui-même éminemment romanesque. Enfin, Michel Suffran a habité Bordeaux comme il l’a vécue, à son tour passionnément, ne se lassant jamais d’en révéler les charmes du passé, les incertitudes du présent, s’imposant – sans jamais tomber dans le provincialisme – comme un défenseur ardent de son patrimoine et de sa mémoire.
Dans la même collection Les Paysages :